(LISEZ LE TOME 1 AVANT !!)
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue.
Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de...
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Des pages et des pages de fournitures... Je commence à avoir le tournis. Erwin a l'habitude de déchiffrer ce genre de liste, mais je le vois quand même plisser les yeux et ciller de temps en temps. Une partie des livraisons s'étale encore à l'extérieur de la réserve, en vrac, et ne sera rentrée que lorsque nous en aurons fini. Nous sommes là-dessus depuis hier, et tout ce matériel ne peut vouloir dire qu'une chose : le major va décider d'une expédition longue, sans doute de nouveau en terrain inconnu.
L'odeur de levure nous parvient depuis les réserves de nourriture, et je l'associe toujours aux sorties. Pendant trois mois, nous avons eu droit à de la nourriture fraîche et saine, mais à l'extérieur, ce sont les conserves et les aliments levés qui sont la règle.
Je saisis la gourde d'eau qui se trouve à portée de ma main, et observe Erwin qui feuillette mon dernier inventaire afin de s'assurer que j'ai bien tout coché. Pendant que je me permets quelques gorgées avant de retourner à cette tache ingrate mais nécessaire, des recrues tournent autour de nous ; les rayons du soleil creusent leurs jeunes visages, les rendant plus sombres et plus matures que leur âge réel. Ils ne se ménagent pas et donnent toute leur énergie à la préparation de leur première sortie.
Combien vont mourir ? Malgré mon flair, je n'ai jamais réussi à déterminer à l'avance ce genre de chose ; la mort n'a pas d'odeur et ne s'annonce jamais.
Je crois entendre la voix d'Hanji au loin ; elle rouspète encore, après je ne sais qui. Pas besoin de se poser trop de questions, Shadis l'a encore envoyée promener. Ce sera pas pour cette fois, ma grande. Je me remets debout et attrape la prochaine liste. Je m'apprête à vérifier des éléments présents dans la réserve quand une tête connue débouche du fond de la cour et s'avance vers nous.
Une tête connue mais dans un inhabituel état de saleté. Livaï marche à vive allure, se frayant un chemin en poussant les recrues sur son passage - qui s'écartent de façon à la fois respectueuse et effrayée -, et Erwin pose ses papiers afin de l'accueillir. Il reste en arrêt devant le visage presque noir de crasse de Livaï, dans lequel seuls ses deux yeux gris acier restent perçants et clairs.
Eh bien, qu'est-ce qui t'est arrivé ? Tu t'es roulé dans la boue ou quoi ? Je m'attends à ce qu'il relève mon sarcasme mais il reste concentré sur Erwin. Il lui tend une enveloppe, puis se dirige vers moi, se saisit de ma gourde et s'en verse le contenu sur la tête. Des stries blanches coulent le long de son front et de ses joues. Je remarque que s'il n'a pas fait une halte auparavant pour se nettoyer un peu, c'est qu'il devait être pressé de nous rejoindre.
Erwin reste bouche bée devant ce spectacle, et attend que Livaï se soit posé le cul sur une caisse avant de l'interroger. Le retard ? Les ouvriers l'ont fait attendre trois heures pour rien car ils n'avaient pas préparé le convoi à l'avance. J'imagine sa colère, vu son légendaire manque de patience... Des problèmes sur la route ? Des brigands sur le dernier tronçon, dans la nuit d'hier, qui ont fini par se carapater quand ils ont eu affaire à lui. Evidemment. Erwin sourit à cette évocation. Il avait vu juste. Livaï conclut que la livraison est bien arrivée, et immédiatement après, nous voyons les trois chariots, à la file, parvenir jusqu'à nous. Encore du boulot...
Erwin félicite Livaï pour son bon travail en lui serrant l'épaule - il ne manque jamais de le faire - et l'informe qu'il est dispensé d'entraînement pour la journée. Pour une fois, Livaï ne se fait pas prier et demande à Erwin les clefs pour utiliser sa salle de bain. Il fallait s'y attendre. Depuis qu'il a regagné le baraquement, Livaï fait de nouveau le siège de la piaule du chef. Erwin lui remet les clefs de ses quartiers, et Livaï s'éloigne en précisant qu'il va se décrasser pendant au moins deux heures et qu'il veut pas être dérangé.
Je scrute Erwin du coin de l'oeil et lui demande s'il n'a pas peur de l'état dans lequel va se retrouver sa baignoire. Il répond sans me regarder que Livaï est toujours soigneux et ne laisse aucune trace. Oui, évidemment : après s'être lavé lui-même, il doit laver la salle de bain, ça tombe sous le sens.
Erwin est déjà accaparé par le contenu du convoi. On dételle les chevaux, les chariots sont débarrassés par tous les bras jeunes et vigoureux qui traînent encore alentours et nous déballons une première caisse. Des lames flambants neuves sont entreposées soigneusement à l'intérieur, et le chef en saisit une. Il l'examine attentivement, la fait miroiter au soleil, la pose sur son doigt pour en apprécier l'équilibre et le poids, puis revient à l'enveloppe que Livaï lui a remise. Je devine à son expression qu'il sait à peu près ce qu'elle contient. Mais il ne l'ouvre pas, et m'entraîne dans un coin plus isolé avant de me la donner. Il veut que je l'ouvre et lui en fasse la lecture tandis qu'il va chercher une grosse bûche.
Je l'ouvre et déplie la feuille à l'intérieur. Je la parcoure d'abord des yeux, attendant qu'Erwin revienne. Il pose la bûche bien droite sur une enclume de maréchal ferrant, enclenche la lame dans une poignée libre, la pose sur son épaule et attend que je commence à lire. Voici ce qu'elle dit :
"A Erwin Smith, chef d'escouade du bataillon d'exploration,
Comme convenu, vous trouverez ici le matériel élaboré avec le nouveau minerai découvert dans les terres sauvages. Nous disposions d'une quantité suffisante pour renforcer les lames et les câbles des dispositifs. Ceux-ci sont plus résistants et souples que ceux que nous fabriquions jusqu'à ce jour. Testez-les au préalable et si vous y trouvez le moindre défaut, veuillez me le faire savoir. Satisfait au remboursés !
Il va de soi que seul votre régiment dispose de ce matériel haut de gamme. Le rabais que je vous ai accordé peut se renouveler, à votre charge de me ramener du minerai si cela vous est possible. Que les titans tombent sous vos coups et que l'humanité soit un jour libre !
Dans l'espoir de faire de nouveau affaire avec vous, soyez assuré de ma dévotion à votre cause et de ma discrétion,
Rein Maja"
Impressionnante, cette lettre. Un peu pompeuse quand même, je soupçonne Maja d'en avoir fait volontairement un peu trop pour nous mettre dans sa poche. Quant au minerai, rien ne dit que nous pourrons en ramener avant longtemps. Cela dépendra de la feuille de route concoctée par le major.
Erwin a écouté d'une oreille distraite, et, sitôt le texte terminé, il se met en position, le bras ramené derrière lui, la lame tendue à l'horizontale ; il balaie l'espace devant lui avec rapidité et un tronçon de bois, parfaitement net, rebondit sur le sol. Avec une lame normale, il aurait fallu fixer la pièce de bois car elle aurait été emportée dans le mouvement. Mais ici la lame est si fine et si acérée qu'elle est passé au travers comme un souffle ; seule la partie supérieure du bout de bois a bougé, la base est restée bien à sa place. Erwin siffle d'admiration et conclut que la lame est bien plus légère, mais encore plus efficace que les anciennes. Il me la passe et je constate que son fil est d'une couleur légèrement ambrée, les stries sont plus espacées, et la souplesse semble remarquable. Je prends le risque de la plier un peu pour m'en assurer, et le résultat est surprenant. On dirait presque une feuille de métal incassable.
Et bien, tout un chargement de ces merveilles, on en a pour un petit moment. Je me sens presque heureux de devoir les compter.