(LISEZ LE TOME 1 AVANT !!)
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue.
Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de...
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Ma jument est épuisée. Notre dernière course est une fuite. C'est bien normal, on a plus de gaz maintenant. La binoclarde avait raison : cette limitation de nos réserves est un problème. On pourra jamais aller très loin avec si peu de moyens...
On arrive en vue du Mur Maria, un peu en désordre. Si l'aller s'est bien passé, le retour est un vrai foutoir. On a les titans aux fesses depuis des heures, et elles semblent se passer le mot, ces saletés. On a dû servir d'appât pour détourner ces monstres du chariot, mais le major a fini par ordonner son abandon. Il restait des vivres dedans, mais il nous était plus d'aucune utilité. Soit on atteignait le Mur Maria avant la nuit, soit on y passait tous.
On a galopé derrière Erwin pendant un moment, puis il a ordonné une dispersion. Greta et moi d'un côté, Mike et Steff de l'autre ; Erwin a rejoint Shadis en vitesse pour le tenir informé de la situation des lignes arrières. Si la course avait duré quelques minutes de plus, on était cuits.
J'entends tonner les canons, et un obus s'écrase à quelques mètres de moi. Ma monture ne sourcille même pas, mais faudrait voir à ajuster vos tirs, les gars, merde ! Un autre atteint un titan en pleine poitrine, mais il se relèvera dans peu de temps. J'y crois pas, devoir me tirer devant ces enfoirés... Mais on a pas le choix, même moi je peux pas les affronter sans mon dispositif. J'appuie encore une fois sur la gachette, par acquis de conscience, mais y a plus aucune pression ; mes bonbonnes sont absolument vides. Et je ne peux que regarder, impuissant, un de mes camarades se faire bouffer devant moi...
Mes camarades... ouais, c'est bien comme ça que je les considère maintenant. Nager dans la même merde, ça créé des liens...
Je me déporte un peu et tente de me placer sur la trajectoire d'un titan pour permettre à une jeune recrue de fuir. J'encourage ma jument. Allez, ma belle, encore un effort, la porte est proche ! J'ai jamais été aussi heureux de revoir ce stupide Mur ! Quand je pense qu'Erwin nous a promis un thé noir au retour ! On se le foutra au cul, ouais ! En admettant qu'on y reste pas !
Les obus pleuvent autour de nous, et s'ils repoussent les titans, ils font aussi chuter des explorateurs. Faut se regrouper ! Où sont les autres ? Greta, tu me suis ? Elle est là, juste derrière, alors que c'est elle qui mène en général. Elle cherche l'escouade des yeux. Mike déboule devant nous et nous informe qu'Erwin nous attend à la porte. Il nous attend ?! Qu'il aille se mettre à l'abri, cet idiot, on rapplique ! Où est Steffen !?
Le voilà, avec un soldat en croupe ; son cheval a dû se casser quelque chose. On se précipite vers la porte de devant comme des tornades ; les derniers titans se font arroser derrière nous mais je me retourne pas pour regarder. Je suis tout entier tendu vers l'arche de pierre et sa sécurité... Erwin fait de grands gestes des bras à notre adresse et s'engouffre à l'intérieur avec nous.
On se rentre tous dedans dans un bordel pas possible. Une rentrée franchement pas héroïque... Elles ne le sont jamais de toute façon, quand on voit les visages fermés et anticipant le malheur des habitants, on se pose pas davantage de questions... Ils nous jugent, et nous accusent par avance.
Je descends de mon cheval en flattant ses flancs et prends des nouvelles de mes camarades. Steffen s'est blessé en sauvant la recrue, mais les autres semblent aller bien. Erwin a bien une petite estafilade au-dessus d'un de ses gros sourcils - comment il fait pour récolter ce genre de blessure ? - mais moi j'ai rien.
On est tous là. C'est bien. Je sais que c'est pas très charitable de ne penser qu'aux membres de mon équipe, mais j'ai bien vite appris que si on s'apitoie sur le sort de chaque soldat tombé, on passerait sa vie à chialer.
Le chef a une sale gueule ; du genre de celle qui signifie que ça peut pas être pire. Sans doute un reflet de celle du major. Je lève les yeux en entendant quelqu'un hurler au-dessus et j'aperçois un gradé de la garnison qui descend les marches vers Shadis, au pas de charge. Il l'engueule proprement en rappelant que le bataillon ne doit pas tenter une rentrée avec des titans aux fesses. Ils ont ouvert la porte exceptionnellement et mis en marche l'artillerie, mais ça doit pas se reproduire, ou en restera dehors.
Erwin serre les dents à ce discours et Shadis rétorque que les tireurs ont tué quelques-uns des explorateurs au-dehors et que si c'était pour nous achever, ils auraient pu s'abstenir. Bien envoyé, pour une fois. Mais je me fais pas d'idée : tout le monde est contre nous, et je me doute que le retour à la forteresse va être difficile...
On tire nos chevaux en avant et on remonte à pieds l'avenue de Shiganshina. Les visages courroucés, hostiles, et les insultes jetées de temps en temps par un lâche invisible me donne envie de tuer quelqu'un... Non, y a déjà eu trop de morts... Je marche en silence entre Greta et Erwin, mais j'en pense pas moins. Je murmure tout bas qu'ils devraient la fermer. Ils ont aucune idée de ce qu'on a traversé ; c'est nous, les victimes, pas eux. Et quand les sanglots et les hurlements éclatent derrière nous, quand les familles, fébriles et impatientes d'apercevoir un fils, une fille, un frère ou un mari, se rendent compte qu'ils ne reverront plus leurs proches, ma colère se transforme en pitié...
Nous sommes tous des victimes, ici. Erwin paraît abattu, mais pas anéanti, Mike renifle autour de nous d'un air soucieux, et me murmure qu'il attend les jets de pierre. Non, t'es sérieux ? Et ça traîne pas, un caillou vient heurter le major à l'épaule et de nouvelles injures fusent jusqu'à nous. C'est la seule manière pour les habitants de Shiganshina de signifier leur peine ; on est là pour qu'ils passent leurs nerfs. Greta me dit que c'est presque une tradition au retour des expéditions. Je n'avais pas remarqué ça au retour de la première expédition, j'étais bien trop occupé à pleurer mes morts...
A l'allée, ils nous acclament, et au retour, ils nous mitraillent. A croire qu'ils sont tous fous... J'ai envie de leur dire d'arrêter, qu'on a assez dégusté et qu'on mérite la paix, mais Erwin m'arrête d'un regard. Compris : je dois pas moufeter et me laisser faire. Ok, mais si une seule pierre me touche, je te préviens, je réponds plus de rien... Civils ou pas civils...
Finalement, la porte de derrière s'ouvre pour nous, et nous permet de quitter cette arène. Trop de combats, j'en ai marre pour un moment... Espérons au moins que nos dernières découvertes seront reconnues comme utiles. Hanji a l'air confiante à ce sujet même si ça fait un moment qu'on l'a pas entendue...
Ouais, ses "bébés" ont encore foutu un sacré merdier...
Erwin nous informe que les blessés les plus graves, ainsi que les corps qu'on a pu récupérer, seront acheminés directement à Trost ; le major, ainsi que les chefs d'escouade, devront également s'y rendre afin de prévenir les brigades spéciales du retour du bataillon. Le reste des troupes valides se reposera à la forteresse. Si j'ai bien compris, on retourne tous les quatre au quartier général, et Erwin rentrera plus tard.
Je me sens vraiment dégueulasse... Je vais profiter de l'absence du chef pour lui emprunter encore sa salle de bain. Et j'emmerde les gradés, si ça leur plaît pas, c'est comme ça.