(LISEZ LE TOME 1 AVANT !!)
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue.
Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de...
Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Je sors de ma dernière consultation médicale. Gratia - que je commence à bien connaître maintenant - m'a assuré que la plaie cicatrisait bien et que j'aurais peut-être qu'une petite trace à peine visible. Elle trouve ça assez miraculeux vu la gravité initiale de ma blessure ; ma bonne santé générale l'étonne aussi, car selon elle j'aurais dû avoir un traumatisme crânien. Je la crois sur parole, mais à vrai dire je réalise pas vraiment la chance que j'ai.
La peau de mon crâne me tire un peu encore, mais mes cheveux ont déjà commencé à repousser autour, si bien qu'on voit pas grand chose ; même dans un miroir, je distingue qu'une mince estafilade qui part du dessus de mon oreille. Quand je la suis de mon doigt, elle semble s'arrêter quelque part près de ma nuque, mais je me rends pas trop compte. Je devrais pouvoir enlever définitivement le bandage d'ici deux à trois jours.
Le nombre de victimes de la dernière expédition était conséquent. Les voir toutes alignées dans leur dernier sommeil, prêtes à partir en fumée, ça m'a secoué, oui. Ca m'a rappelé tellement de choses... Les bûchers auxquels j'avais déjà assisté avant me sont revenus en mémoire... Je crois que j'ai gardé une certaine crainte du feu, pour des tas de raisons. Je me souviens d'avoir failli mourir cramé, mais j'ai plus tous les détails ; ça me paraît si loin...
En sortant de l'infirmerie, je me demande ce que fait Erwin. Il doit être à Stohess pour faire ses condoléances aux familles des soldats tombés. Je sais pas, j'ai du mal à l'imaginer faire ça, il est pas du genre à exprimer de la compassion... A moins de se forcer beaucoup. Au fond, c'est un brave type qui a du mal à le montrer ; tout à fait le genre de truc qu'on pourrait dire sur moi. Je sais pas si je suis un brave type en fait, mais je suppose que ça me permet de mieux comprendre comment Erwin fonctionne. Dans sa position c'est normal, il peut pas se laisser aller. Personne ne suivrait au combat quelqu'un capable de s'effondrer au moindre pépin. Je suppose que c'est pour ça que je me suis décidé à lui obéir, c'est une qualité que j'apprécie chez lui. Les chouineurs, c'est pas mon truc.
Je me fous bien de ce qu'on dit à ce propos. Ceux qui sont là depuis un moment n'arrêtent pas de parler du "voyou devenu toutou", comme s'ils y comprenaient quelque chose. A vrai dire, j'y comprends pas grand chose non plus. Pourquoi je suis ce mec ? Je me suis jamais vraiment posé la question. Je crois que pour moi, ça tombe sous le sens. Il a quelque chose que je n'ai pas, que j'ai peut-être cherché depuis toujours ; un but noble, pour lequel il met en oeuvre tout ce qu'il a. Et comme il m'a donné ma chance, celle de refaire ma vie et de servir enfin à quelque chose, il me semble que je me dois de lui faire confiance.
Je sais bien que je passe mon temps à lui trouver des excuses, que ses actes peuvent être jugés de manières différentes, c'est pour ça que même si j'entends des trucs sur lui qui me plaisent pas - et qui me paraissent même faux -, je tiens pas à m'en mêler. Erwin est assez grand pour se faire respecter sans mon aide.
Mais je dois bien dire que ça me fait chier quand même. Je supporte de moins en moins qu'on lui crache dessus, c'est vrai. Car ça revient à faire de même à mon sujet. Finalement, je suis plutôt égoïste. Mais si Erwin peut supporter ces saloperies sur son compte, je peux faire pareil.
Je vais faire un brin de ménage dans son bureau pendant son absence. Quand il rentrera, il sera content de voir que tout est propre. Je passe par la buanderie de la forteresse pour m'équiper. J'y retrouve Greta, qui semble ne pas être là pour le plaisir. Elle a pris une réprimande des supérieurs suite à la rixe de l'autre jour - même Mike a approuvé -, ça doit être une sacrée punition pour elle. Greta a toujours détesté décevoir les autres. Je sais, je connais ça, même si c'est un peu l'histoire de ma vie.
C'est la première fois qu'on se retrouve seuls tous les deux depuis notre retour. Elle s'est appliquée à me fuir systématiquement jusque là. Mais aujourd'hui, elle reste sur place et ne semble pas prête à me laisser partir. Elle veut parler ? Il est encore temps. Vas-y, lâche-toi, dis-moi ce que tu as sur le coeur, pose-moi des questions. Parce que te voir comme ça ne me fait aucun bien.
Tout en serrant le manche à balai dans ses mains tremblantes, elle me demande comment je vais, si ma blessure guérit. Bien sûr, elle n'a pas à s'inquiéter, je suis solide. Même Shadis a pas réussi à me faire mal avec son coup de boule. Oui, j'aurais pu mourir, c'est vrai, mais je suis bien là, non ?
Enfin, elle m'interroge sur ce qui s'est passé. Est-ce de sa faute ? Est-ce sa lame qui m'a blessé ? Je me rends compte que jusqu'à présent, elle n'en a jamais été sûre. Je hausse les épaules et lui répond qu'elle n'a pas besoin que je le confirme, au fond, elle s'en doute bien. Je passe devant elle pour prendre un seau vide et du détergent. Elle se pousse un tout petit peu mais reste à sa place. Je me redresse et la regarde fixement. Que veux-tu que je te dise, ma grande ? Ce sont les risques du métier. Si t'avais pas tracé ta route en faisant pas attention à moi, le chariot aurait été perdu. J'ai pas eu la présence d'esprit de comprendre ce que tu faisais, je me suis trop rapproché, je crois. C'est pas de ta faute. Et ça n'arrivera plus.
Elle se met à pleurer en silence, les larmes coulant sur ses joues en ruisselets brillants. Ca faisait un moment que ça couvait, je pense. Ca sert à rien de pleurer, Greta. Le passé est le passé. Je suis là, tu es là, et on est revenu, c'est ce qui compte. Tu voulais l'entendre, être sûre ? Tu l'es maintenant. Et puis, je t'ai déjà dit que je détestais les chouineurs ? Alors arrête tout de suite, c'est pas digne de toi.
Elle me demande entre deux sanglots retenus pourquoi je ne me défends pas face à Ansgar. Ce gamin prétentieux ? Bah, laissons-le dire. Il a besoin de passer sa trouille sur quelque chose, ça peut bien être moi. Il comptait que je le sauve, et c'est toi qui es venue. Il est déçu. C'est pas mon problème. Et puis tu ne le sais peut-être pas, mais Erwin est mis à l'épreuve en ce qui me concerne. L'autre là - Dork, des brigades spéciales - lui a bien fait comprendre que je devais me tenir à carreaux et ne pas causer de problèmes. Je veux pas mettre Erwin dans l'embarras, il en a pas besoin. C'est pas parce que je peux envoyer ce type à l'hôpital que je dois le faire. Ouais, je sais, j'ai changé. Mais y a que les abrutis qui changent pas. Lors de la prochaine expédition, je montrerai de nouveau à tout le monde qui gère sur le terrain, et ce sera oublié. Je suis prêt à supporter ses moqueries encore un peu, j'ai vécu pire en bas, crois-moi. Et puis, il va disparaître de ma vue pour l'hiver, donc ça ira.
Je sais ce qu'elle va encore me demander. Elle a envie de vider son sac. L'ai-je dit à Erwin ? Est-il au courant mais a-t-il fait semblant de ne rien savoir ? Ca te travaille vraiment, hein ? Dis, Greta, tu connais Erwin depuis plus longtemps que moi, non ? Et tu as peur de lui ? Je te concède qu'il peut être flippant de temps en temps ; et parfois on croirait qu'il a pas chié depuis une semaine. C'est un sacré personnage. Oui, il est froid et plutôt rigide. Mais s'il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'il n'est jamais injuste. S'il décide de te punir pour ça, ce sera en justes proportions, j'en suis sûr. Je lui fais confiance, moi, ne peux-tu faire pareil ?
Non, je lui ai rien dit. C'est pas à moi de le faire. Je peux supporter les insultes le temps qu'il faudra, je m'en fous. Mais si tu te sens si mal à propos de tout ça, alors va le voir et règle le problème. Si tu décides de le révéler, ça me va. Si tu le gardes pour toi, on l'emportera dans notre tombe, car je resterai muet. C'est à toi de choisir ce que tu veux laisser derrière toi, un mensonge plus ou moins confortable ou une froide vérité.
Je la plante sur place en lui rappelant qu'Erwin rentrera sûrement dans deux jours et que ça lui laisse le temps de cogiter. Moi, j'attends de voir. C'est peut-être pas très gentil, mais mon rôle n'est pas de la materner.
Avant de sortir avec tout mon matériel, je l'informe que je suis content qu'elle s'en soit sortie car je me suis beaucoup inquiété pour elle. Elle ne me répond rien mais ses larmes cessent tout à coup.