13.

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Anastasia.

Faites le ou ne le faites pas,vous regretterez les deux.

"Allez viens ça sera chouette" m'avait-elle dit.

Six heures plus tard je me faisais chier comme un rat mort au bar d'un club tandis que Febe,ma seule collègue féminine et également ma seule amie,dansait sur la piste.
Elle s'était faite entraînée dans la salle par un bel inconnu,le genre de truc qui arrive toujours à Febe.
Je n'étais pas jalouse d'elle, Febe était magnifique, pourtant j'étais lassée d'être toujours "l'autre".

- Encore un verre ? Me demanda le barman en voyant que mon cocktail était vide.

Je hochai négativement la tête avant de me lever du tabouret.J'essayai de fendre la foule déchaînée en poussant les gens qui m'empêchaient d'atteindre la porte.
Le vent froid n'avait jamais été aussi agréable à ma peau.Je savourai ma liberté retrouvée quelques infimes secondes avant de prendre la route de mon appartement.

Un peu plus loin,un pleur résonna dans mes oreilles.
Était-ce l'alcool que j'avais consommé ?
Je continuai,marchant encore quelques pas,puis me stoppais une seconde fois.
Non je ne rêvais pas,quelqu'un pleurait.
Dans le noir,je dus plisser les yeux pour inspecter les environs.Comme dans les films,je suivis les pleurs jusqu'à m'engouffrer dans une étroite ruelle.
Au bout du sentier,à une centaine de mètres de moi, un homme collait de force une femme contre un mur.
Ses pleurs étaient en fait étouffés par la grande main de son agresseur tandis que la victime presque entièrement nue était écrasée sous son corps.
Elle se mouvait,se débattait face aux assauts de l'homme ainsi que ses violents coups de bassin.
J'écarquillai les yeux.

Essayant de garder mon calme et d'être discrète,je me déplaçai silencieuse derrière l'homme agrippant au passage une bouteille d'alcool en verre abandonnée sur le côté.
Juste derrière lui,je ne pris pas le temps de respirer et frappai de toutes mes forces le cristal contre sa nuque.
Un craquement et l'homme tomba raide mort sur le sol,son crâne s'écrasant contre le sol dans un bruit sourd.
Sa tête a quelques centimètres de moi,mes chaussures à talon commençait à baigner dans un liquide à la senteur horriblement similaire à celle du cuivre.

Le coup du lapin.

En me pressant,je retirais ma veste en daim et la tendis à la fille encore sous le choque.Malgré la noirceur,je pouvais voir ses yeux livides.Aujourd'hui elle avait perdu son enfance.
Après avoir enfilé ma veste qui cachait à peine son intimité,elle se recroquevilla contre le mur.
Désemparée,je me glissai à ses côtés.
Un long moment,j'inspectai le cadavre qui me faisait face.Sa carrure athlétique était balafrée de tous les côtés tantôt par des cicatrices,tantôt par des tatouages.Encore ce I imprimé à l'encre noir sur son pectoraux.Ce I qui me hantait peu importe où j'allais.

- Comment t'appelles-tu ?
- Valentine.
- Quel âge as-tu Valentine ?

Je parlai d'une voix douce comme pour essayer d'effacer la peine.Mais qu'est ce qui pourrait gommer le sentiment d'être salie ?

- Seize ans,minauda-t-elle le regard perdu.
- Tu devrais venir chez moi,au moins pour la nuit.

Pour la première fois elle tourna sa tête vers moi.Ses pupilles me glacèrent le sang.
Il n'y avait rien de pire que le désarrois d'un enfant.

Je me levai avant de lui tendre une main qui se voulait rassurante.

Le diable est une femme.Where stories live. Discover now