OMBRE

19. Attends

William

A peine elle m'a vu, elle a fermé la porte d'entrée mais j'y ai mis mon pied. La douleur que je ressens n'est rien comparée à celle que j'ai ressenti pendant toute l'année sans elle. Cliché, je sais. Mais c'est vrai.  

- Romane, attends.

Romane - Non. Vas-t'en.

- Même si je pars, je reviendrais. Tout les jours s'il le faut j'en ai rien à faire. A ce stade j'ai plus grand chose à perdre.

J'ai retiré mon pied de la porte, faisant demi tour mais m'a rappelé.

Romane - T'as dix minutes.

- Dix minutes après un an ?

Romane - 9 minutes 30. 

- Laisse-moi entrer au moins.

Elle s'est décalée pour me laisser entrer dans son nouvel appartement. La décoration était très minimaliste, mais très belle. Comme elle.

Je me suis naturellement assis sur le canapé et je me suis mise à lui parler.

- C'est Anthony qui m'a dit où t'habitait. Il s'est permis de me contacter parce qu'apparemment tu ne vas pas bien -

Romane - Je vais bien.

- C'est pour ça que tu cherches des psys ? Dis-je en pointant l'écran de son ordinateur en face de moi. C'est pour ça que t'as déménagé ? Que tu as refait un Instagram et compagnie pour m'éviter ? Romane tu crois que je suis bête ou quoi ?

Elle allait parler mais je l'ai coupé.

- Je sais que je t'ai fais du mal. Énormément. Et je suis là pour reconnaître les tords. On en a jamais discuté. T'as fuit. Tu m'as fuis et t'es en train de te détruire. Ça se voit. T'as maigris, t'es plus là même Mannie.

Romane - Et tu veux que je te dise quoi ? Elle hausse les épaules.

- La vérité. Ce que tu ressens. Ce que tu penses. Mais dit moi quelque chose et me laisse pas repartir comme ça. S'il te plaît.

J'en suis arrivé à la supplier. Parce que cette année a été compliquée sans elle. D'une part, j'ai eu le meilleur début de carrière possible. Batterie Faible a eu plusieurs disque de Platine et même d'or. Mais partager ça qu'avec mon crew, en sachant que Romane souffrait quelque part le mettait mal.

Romane - La vérité est que savoir que tu es responsable de la mort de ma meilleure amie me tue. Littéralement. Je meurs chaque jour depuis qu'elle est partie, et un peu plus maintenant que je sais que c'est toi qui est responsable. Je m'en veux parce que j'ai rien vu venir. Je m'en veux parce que c'est toi. Je m'en veux parce que je me suis laissé aller avec toi. Je t'ai laissé m'approcher, m'embrasser, me toucher, m'aimer.

Étonnement, elle ne pleurait pas mais soutenait mon regard.

Romane - Je m'en veux, parce que malgré tout le mal que tu me fais j'arrive pas. J'arrive pas à t'oublier. J'arrive pas à ne pas penser à toi ne serait-ce qu'une fois dans la journée. J'arrive pas à ne plus t'aimer. Alors, je me dis que je devrais arrêter d'attendre. Arrêter d'espérer que ça passe et me résigner à souffrir ad vitam æternam. Je préfère souffrir de t'aimer de loin, que de t'aimer de près et de faire ça à Magali. Parce qu'elle ne le mérite pas.

J'ai hoché la tête doucement, comprenant ce qu'elle venait de me dire.

- Tu m'aimes ?

Romane - Malheureusement, oui.