je crois que je ne suis plus capable de m'asseoir avec l'ennui.
je me souviens que vers mes 13 ans, environ, je me vantais d'aisément supporter l'ennui. je croyais être à l'aise avec le silence, avec la simple présence de mes pensées. sans doute parce que je l'ai fait durant toute mon enfance. j'étais une petite fille dans la lune, comme on dit. je pense être chanceuse qu'on ne me l'ait jamais vraiment reproché. du moins d'après mes souvenirs. on me laissait rêvasser, dans mon coin.
cette capacité s'en est allée, mais où ? et quand ? depuis quand ne suis-je plus en mesure de m'ennuyer ?
si j'y réfléchis rationnellement, c'est sûrement dû aux écrans, comme d'hab. ou aux responsabilités qui arrivent progressivement, qui font que la société ne me considère plus comme une enfant de 6 ans. mais où était le mal ? pourquoi ai-je dû changer ? j'aimais mes petites hallucinations. enfin je crois. la plupart étaient douces disons.
elles existent toujours ces vagues de divagations. preuve à l'appui : je ne serai pas capable d'écrire autant si ce n'était pas le cas. je n'aurais pas cette soif de grandeur, d'avenir, de plus. cette soif qui, de toute évidence, me maintient immanquablement en vie, jour après jour, année après année.
dans l'ensemble je rêve encore, dieu soit loué.
en revanche, j'envisage parfois de faire la vaisselle en silence, de travailler en silence. impossible. même écouter de la musique, usage qui me coule dans les veines en permanence, semble trop fade pour mon pauvre cerveau esclave de la dopamine. c'est curieux d'ailleurs, à quel point ce mot a écopé d'une si mauvaise connotation, alors même que l'hormone en question est une des raisons pour lesquelles notre espèce perdure. sans plaisir, alors quoi ? que vaut l'existence ?
mais j'ai l'impression d'avoir dénaturé mon système nerveux. que ce qui comble ma dépendance est un vil poison factice, comparé à ce dont l'animal que je suis à réellement besoin.