Je ne sais pas combien de temps je reste là, prostré, incapable du moindre mouvement. Je suis complètement amorphe. Je ne pense à rien d'autre qu'à ça. Et je vois Tresh enfoncer sa pierre encore et encore dans le crâne de Clove. Le craquement caractéristique des os qui se brisent. Bruit que j'aurais apprécié en toute autre circonstance mais qui m'écœure presque au point de vomir. Je revois et revois encore le corps s'effondrer à terre, tel une poupée de chiffon dont la vie s'échappe une peu plus à chaque seconde. Et sa main, encore tiède dans la mienne. Elle est sûrement froide maintenant. Etrangement, cette idée aussi bizarre que malvenue ne me fait rien. N'éveille aucune douleur. Plus rien n'a d'importance désormais. Je vais gagner, passer au-dessus de tout ça, anéantir les deux du Douze et rentrer chez moi. Mais même ça ne me fait rien ressentir. Je suis vide. On m'a tout enlevé finalement. Goûter au bonheur et devoir s'en sevrer aussi rapidement est la pire chose qui me soit jamais arrivée. C'est pour ça que gagner les Jeux ne m'apportera aucune satisfaction. Je ne pourrai jamais retrouver cette plénitude si grisante. L'avenir ne m'apparait que comme un long tunnel de grisaille dont je suis incapable de voir la fin. C'est en ressassant ces pensées que je m'endors, en chien de fusil, complètement meurtis, à côté de corps de Clove, une main sur le pommeau de mon arme.
J'ouvre les yeux. Je ne suis pas comme dans les livres à respirer le bonheur avant d'être brutalement rattrapé par les évènements. Non. Je sais dès mon réveil ce qu'il s'est passé. C'est en moi, pour le restant de mes jours surement. C'est n'est certainement pas une nuit de sommeil qui me fera oublier ce que j'ai vu.
Je me hisse difficilement sur pieds. Je suis courbaturé, j'ai mal partout et je suis recouvert de crasse. Engageant. J'essaie de rassembler mes pensées et liste mentalement ce que je dois faire. Je me dirige d'abord vers nos affaires laissées dans les fourrés et mange la moitié des provisions reçues la veille. Je ne profite de rien. Ni du jus sucrés des fruits qui me dégouline sur les doigts à chaque bouchées, ni de la viande tendre du poulet. J'engloutis bouchées après bouchées comme un automate. J'enfile mon blouson, glisse mon sac sur mes épaules après avoir pris ce qui pouvait m'être utile dans celui de Clove. Je prends aussi une petite tente et un sac de couchage isotherme dans la Corne. L'échéance qui m'a été donnée touche à sa fin. La pause est finie. Il est temps de se réveiller.
Je me retourne lentement. Il le faut, je le sais, sinon je ne tournerai jamais la page. Elle est toujours là, allongée au sol, rigide, les membres contractés et le teint d'une lividité affolante. Le sang d'un pourpre éclatant contraste vivement avec la pâleur affolante de sa peau. Il y en a partout. Sur le moment je trouve ça étrangement beau ce mouchetage, presque poétique. Toutes ces petites tâches de tailles différentes. De la beauté dans la mort.
J'essaie d'éviter, mais mon regard, comme attiré, se tourne vers sa tête et le monstrueux cratère laissé par la roche. Noir, bordé de sang coagulé et de morceaux de crâne le spectacle est tout simplement affreux. Et pourtant je ne bouge pas. Je ne sais pas combien de temps je reste là, totalement obnubilé, absorbé à suivre des yeux chaque courbe, à compter chaque tâche, à regarder le sol rougi quand tout d'un coup, quelque chose me fait relever la tête. Ou plutôt l'absence de quelque chose.
La table est vide. Totalement vide.
Les options sont limitées et facilement vérifiables. Si le fantôme du Cinq a pris le sien en premier, si la garce avec son sachet orange autour du poignet s'était déjà éloignée de la table avant que mon paquet disparaisse, il ne reste plus qu'une possibilité.
Tresh. Cet immonde fils de pute. Non content de tuer la personne qui comptait le plus pour moi, il se barre avec ce qui me permet de survivre, tel un immense pied de nez à la meilleure paire de Carrières de toute l'histoire des Hunger Games. (N.d.A : Cato et la modestie c'est une grande histoire.. ^^)

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Les Hunger Games de Cato
FanfictionIl a attendu, il a travaillé pour ça. Les 74th Hunger Games. Son année. Il est prêt, invincible, mais c'est sans compter une certaine fille du nom de Katniss Everdeen. Fanfiction des 74th Hunger Games du PDV de Cato. CETTE HISTOIRE M'APPARTIENT - TO...